Comme 1,8 millions de français hier, j’étais devant l’émission “ Harry Roselmack derrière les murs d’une cité ” diffusée sur TF1 aux environs de 23h. En gros, il s’agissait pour Harry et son équipe d’être en immersion dans un quartier difficile pendant un mois et vivre le quotidien des personnes dites ” de banlieue”.

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Il y a beaucoup de choses à dire sur le fond, mais commençons par la forme.

Je ne vais pas le cacher, le fait de savoir que c’est TF1 qui diffusait cette émission m’a rendue sceptique d’entrée de jeu, avant même d’avoir vu la première image. En effet, en matière de Journalisme avec un grand J, désolée mais TF1 n’est même pas à prendre en compte. Non seulement, d’une part, leur ligne éditoriale est celle de l’info-spectacle, et le divertissement est leur priorité numéro 1, mais en plus, comme beaucoup d’entre vous, dès qu’on me dit TF1, je pense BOUYGUES = POTE DE SARKO = UMP = PROPAGANDE & POPULISME. Depuis l’affaire du papy prétendumment agressé par des caïds du 93 qu’avait repris en boucle Jean-Pierre Pernaut & Co dans leur journal( en pleine élection présidentielle ), la Une est une chaîne que je regarde pour me divertir et non pour espérer y apprendre quoi que ce soit d’instructif. Les rares émissions de “reportages” qu’ils ont produites m’ont littéralement toujours fait sauter au plafond, tant c’était démago, disproportionné et toujours dans le parti pris ( cf. les pseudo-reportages de CHARLES VILLENEUVE dans ” Le droit de savoir ” ). Je suis généralement quelqu’un qui combat la théorie du complot en permanence ( cf. les Illuminatis ), mais je dois reconnaître que pour ma part, regarder un journal télévisé sur TF1, c’est soit accepter de se désinformer, soit accepter d’être sous-informé. Cà me fait penser à la chaîne de Berlusconi ou à la chaîne nationale Camerounaise CRTV, à la solde de l’état.

C’est donc avec tous ces a priori que je me suis assise devant l’écran, me disant ” ENCORE UNE EMISSION OU ILS VONT NOUS RESSORTIR LES MEMES CLICHES SUR LES ARABES, LES NOIRS, LES RATéS DE L’INTEGRATION A LA FRANCAISE etc “. Sans oublier qu’en plein battage médiatique sur L’IDENTITE NATIONALE de Mr Besson, je me suis dite qu’Harry Roselmack allait se faire le pourfendeur implicite de la politique d’immigration menée par la droite depuis l’accession au pouvoir du roi Nicolas 1er. Dernier point: je ne regarde plus trop TF1 en ce moment, mais il m’a semblé que l’on n’ait vraiment pas fait autant de promo pour cette émission ( alors que c’était la 1ère diffusion ) que l’on a pu faire pour le retour de “Tournez Manèges” par exemple. Et enfin, POURQUOI DIFFUSER CA AUSSI TARD ? Ma question est purement rhétorique, vous vous en doutez.

Après la fin du reportage, ce que j’en ai retenu, c’est la JUSTESSE. Oui je n’ai jamais vécu en cité, donc on va peut-être dire que je suis mal placée pour témoigner si oui ou non les images étaient représentatives du quotidien des “banlieusards”, mais pour ma part, j’ai trouvé que le reportage a été très professionnel. Il n’y a pas eu de parti pris prononcé, et le travail d’immersion a vraiment pris tout son sens. Harry posait des questions parfois peut-être basiques, mais je pense que c’était nécessaire de le faire, dans un débat où la plupart du temps, les énarques et les technocrates nous inondent de termes compliqués pour complexifier un problème qui ne l’est pas tant que çà au final. Je n’ai pas entendu de commentaires cul-cul la praline, pas d’éternels exemples de “racailles” qui ont réussi et veulent nous faire croire qu’ils sont l’arbre qui cache la forêt, pas de jeunes filles qui se plaignent en permanence  d’avoir été violé/prises dans une tournante ( je pense aux 3 jeunes femmes qui prenaient le RER D pour aller s’amuser sur les Champs-Elysées ), je n’ai pas entendu non plus une accusation quasi-systématique de la police ou de l’état. Et d’ailleurs j’ai été surprise que finalement, ni la Gauche ni la Droite n’aient eu un temps de parole pour critiquer la politique de la ville orchestrée par le parti d’en face. Finalement, c’était un peu un focus sur les habitants et les habitants seulement, sans jugement de valeur. Quant à la manière de filmer, j’ai trouve que c’était dans un style très ” rough “, très anglo-saxon, ( et j’ai eu le bon coup d’oeil puisqu’après j’ai appris que c’est inspiré d’une émission de la BBC ), direct, sur le vif, contrairement à la plupart des reportages français qui sont bien montés ( cf. Envoyé Spécial ).

Harry bafouillait, n’avait pas de questions repétées dix minutes avant, j’ai senti une véritable envie de COMPRENDRE. Pas de juger, mais de COMPRENDRE, et c’est finalement CA le vrai journalisme.  Ni pathétique dans la volonté de faire pleurer dans les chaumières ( ” oh ces pauvres petits immigrés ” ), ni en plein dans la victimisation, pas de pointe du doigt de telles ou telles communautés. Finalement, le contenu était mieux que ce que l’on voit d’habitude ( même s’il y a eu quelques ommissions ou maladresses ), dommage que ce soit diffusé sur une chaîne qui a un passé/présent lourd en terme de propagande politico-démagogique.

Maintenant, il y a juste deux choses qui m’ont un peu agacée: primo, je ne comprend pas qu’il y ait eu autant de noirs. La communauté maghrébine/roumaine/turque n’est peut-être pas aussi présente mais il aurait fallu ouvrir un peu. Or, en parlant de modèle américain, de retour dans un village malien, on avait l’impression que l’émission était une sorte de FOCUS sur la communauté noire…

2ème chose: l’ex-membre du gang qui a servi de guide, Tex. Je le trouvais plutôt crédible dans son rôle de grand frère, jusqu’à la fin du reportage où il montre ses vidéos et dit être fièr d’y avoir appartenu. J’ai trouvé çà assez déplacé, limite choquant qu’il nous fasse de belles leçons de morale sur la jeunesse en détresse alors que lui-même ne semble pas regretter les actes graves qu’il a commis plus jeune.

Mes chouchous furent la maman ivoirienne à la voix grave, je l’ai a-do-ré, elle m’a beaucoup touchée en fait, je ne sais pas pourquoi. Et le jeune homme de la fin qui parle de sa schizophrénie. J’étais très surprise que pour une fois l’on parle de la dépression et des problèmes psychologiques/psychiatriques qu’un tel environnement puisse poser. Ce sont généralement des pathologies que l’on met de côté parce qu’elles ne se voient pas et sont considérées – à tort – comme des ” maladies de blancs “.

Parait-il que l’émission a tellement bien marché qu’ Harry est déjà en préparation d’une deuxième. J’espère juste qu’il ne va pas se cantonner à faire le tour de toutes les cités françaises ( il devrait dans ce cas prendre FADELA AMARA avec lui, qu’elle se foute un peu au boulot celle-là ), mais nous proposer d’autres sujets de société, sinon on va vite tourner en rond..Sur ce, je vous laisse regarder si vous ne l’avez pas vue hier.

17 commentaires

  1. Renseigne toi un peu sur les Black Dragons et peut etre que tu comprendras mieux pourquoi il a été fier d’y avoir appartenu malgré les erreurs qui ont forcement ete commises par ce type de bandes dans les annees 80/90
    😉

  2. Je tenais a te dire que ton article sur cette émission résume tres bien ce que j’en ai pensé..j’etait aussi rempli d’apriori…mais au final j’ai bcp aimé regardé les “vrais gens” parler de leur quotidien…

    merci a toi en tout cas pour ce débrief…

    cordialement

    Ti Hub

  3. IDEM, pour Tex il m’a choqué! vraiment! je me disais il donne des leçons et blabla enfin peut-être qu’il était pas trop clean dans le passé mais voilà c’est son passé…et là je vois une vidéo où le bon monsieur apprend à d’autres à tabasser (je ne savais pas qu’il fallait des cours pour ça) et EN PLUS il est fier de ce qu’il a fait…tsss…c’est assez pathétique je trouve!
    En tout cas dans l’ensemble j’ai bien aimé aussi!

  4. @Purple Haze: je vais juste reprendre le commentaire de quelqu’un,

    ” je pense qu’on ne peut pas etre fier d’appartenir ou d’avoir appartenu a un gang…meme si celui ci régulait l’economie ou la vie de la cité…un gang par definition c’est péjoratif et souvent synomyme de violence……”

  5. “Black Dragon”, un des premiers gangs de noirs de la banlieue parisienne. Ils se sont crées en réaction au mouvement skin au milieu des années 80 avant de s’orienter vers la guerre des gangs contre leurs congénères.

  6. moi personnellement je trouve que ce reportage a plus était fait pour permettre aux personnes remplies de clichées de voir à quoi ressemblait le quotidien des personnes vivant dans la cité. Mais est-ce que cela va permettre de changer les choses? je veux dire il y a aucune information qui va permettre de faire bouger l’opinion, c’est pas après avoir vu cette émission que les ignorants vont avoir une meilleure opinion des banlieusards, je trouve plutôt qu’il a tout misé sur la sécurité et n’est pas allé assez loin dans le fond, il fait que dire des choses que l’on savait déjà, après le fait qu’il ne prenne pas parti pour un camp(sarkoziste) comme tu le dis est nouveau pour tf1 mais moi dans l’ensemble je l’ai trouvé assez fade comme reportage parce que ça sert à quoi de faire ça pour que le lendemain on retourne dans la routine de “banlieusard” dénigré à tord

  7. “les énarques et les technocrates nous inondent de termes compliqués pour complexifier un problème qui ne l’est pas tant que çà au final”

    Pas trop d’accord avec cette phrase, ce qui pose plus de problèmes de nos jours c’est plutôt la simplification à l’extrême dans la présentation des problèmes et le simplisme qui en découle.La dénonciation permanente des technocrates qui ont le malheur justement de gérer cette complexité fait partie de ces lieux communs qui justement empoisonne le débat public.Cf les deux derniers candidats au deuxième tour de la présidentielle française.On a actuellement en France quelqu’un qui s’affirme haut et fort contre les technocrates, qui “parle comme nous” , ” cash”, qui dit que “c’est très simple”, voyons donc quels sont les résultats……

  8. C’est clair que certaines de tes remarques, je dirai même presque toutes à l’exception du topo sur TF1 (j’avoue que je n’était pas au courant, et je ne l’ai jamais ressenti comme tel si ce n’est pour tous les médias en général) sont miennes MAIS je suis vraiment resté sur ma faim, je m’attendais à MIEUX mais je ne sais quoi, en tout cas à la fin j’avais plutôt l’impression que ça allait continuer après la PUB! Dommage!! En tout cas j’aime bien le fait que les médias accepte le fait qu’il faille envoyé un journaliste noir ou arabe pour que le doc marche bien, c’est une main tendue aux jeunes de banlieue car sa montre leur volonté d’apaiser les choses, maintenant la balle est dans leur camp…

  9. Les black dragons se sont inspiré pas mal des blacks panthères, dans les années 80 quand t’étais noir à Paris et que tu tombais sur des skins t’étais mal.On peut critiquer les mouvements tel que les black dragons ou les requins vicieux mais si les ptits qui aime trainés aux Halles savaient qu’ils y a encore quelques années de cela s’ils étaient seuls à Chatelet, il y avait de grandes chances qu’ils se fassent tabassés car c’était un nid à skinead.Je ne fais pas l’apologie de la violence mais ces gangs ont quelques part été utiles (je sais que ce n’est point morale de tenir ce types de propos mais quand mes parents qui eux contrairement à moi ont grandi en cité et ont connu des situations qu’on ne peux même pas imaginé aujourd’hui et ben quelque part je dis merci ).

  10. c’est triste tout ça de voire ces personnes enfermées dans un quartier genre specialisé 🙁 je pense meme que certains chez eux ils sont mieux!!
    *serieux y’a mieux que le banditisme et on ne peut etre fier d’avoir fait parti d’un gang

  11. J’étais un peu “mal à l’aise” quand j’ai entendu parler du concept de l’émission. Ca me faisait penser à un texte de José Kaminsky qui disait :

    “(…) Ce n’est pas le cliché qui crée les inégalités, les discriminations, etc. mais c’est à partir du cliché qu’on les accepte sans mot dire, qu’on y voit une « norme », qu’on trouve cela normal. Comme disait Frantz Fanon : “Le raciste dans une culture avec racisme est donc normal.” La société dans laquelle nous vivons, cet impérialisme du divertissement, qui se dit justement être « apolitique » est hérité, dans la droite continuité de la culture du passé ; culture impérialiste dans un pays colonial. Je m’explique : que les clichés soient si vendeurs, c’est un fait. Mais que les clichés soient pour la plupart si souvent porteurs de racisme n’est pas une condition obligatoire à leur succès commercial. Pourtant ce sont toujours les mêmes pseudo blagues transpirant de racisme qui affluent. Elles nous entourent et se resserrent lentement, allant du grand cinéma national et outre atlantique aux chaînes de télé dites « jeunes » en passant par les pseudos nouveaux réalisateurs fashions « fils de untel » qui ne se gênent pas pour piocher dans le rap et la banlieue leur dynamique. Est-ce nouveau ? Pas plus que la publicité Uncle Ben’s par exemple, ou bien que celle des Apericubes (montrant des cannibales noirs s’apprêtant à manger un homme blanc) où tous ces noirs qu’on nous montre enfin à la télé dès qu’il s’agit de publicités sur le Sida. Où à ces publicités d’une agence de voyage qui nous vente les bonnes affaires à réaliser dans les souks marocains, avec en image une main de marchand maghrébin quémandant de la monnaie. On peut retourner jusque « Y’a bon, Banania ! » et même plus loin. Tout cela n’est pas nouveau, c’est juste l’imagerie raciste qui reste invariable, et avec l’argument du second degré comme soubassement. Force est de constater que dans cette orgie de clichés qu’est notre époque, les clowns sont et restent les mêmes. Il y a toujours deux mondes, celui des « réa » et celui des acteurs. Acteurs fiction – réels ; de plus en plus dans leurs rôles primaires, réels, et de moins en moins acteur… et on voit naître de pathétiques films fantasmes sur la banlieue, filmés comme des reportages animaliers ou un zoo avec ses bêtes sauvages à casquettes. Et on applaudira le « réa » d’avoir eu le courage de montrer des images de ce monde exotique, d’en revenir sans cicatrices et avec de belles anecdotes.”

  12. Je viens de finir le reportage. Je retire ce que j’ai dis. J’en arrive au même point que toi : Réticent avant d’avoir vu, et rassurer après. Je pense que c’était juste parce que c’était TF1. Ils auraient fait la même chose sur France 5, j’aurai été moins “méfiant”. lol

  13. maybaach j’adooore!!! tu dis exactement ce que j’ai pensé de cette émission!!!
    Nous (la pers avec qui je l’ai regardée et moi mm) avons été agréablement surpris!! pour une fois pas de clichés comme tu le dis si bien!!
    bien qu’il y ait eu quelques tatonnements je pense que c’est déja un début!!
    la mama qui danse laa elle m’a trop fait rigoler surtout quand elle sort “lorsque je veux respirer je me mets a ma fenetre, mais des que je vois les policiers pointant leur pistolet je retourne respirer vers le mur!!” lool
    anywayyy Good Job et moi qui pensait qu’harry rselmack n’était parfois qu’un pion je medis que c’est bien la première émission qu’il fait qui m’interesse!!

  14. En effet on doit beaucoup aux Black Dragons et aux autres groupe de chasseurs de skins, car si le mouvement Skin n’est pas aussi développé en France qu’il est ailleurs en Europe, c’est bien grâce à eux. Certes ils font usage de la violence mais contre des animaux pareils, cela ne m’empêche pas de dormir la nuit. J’apprécie de pouvoir sortir dans les rues de Paris sans avoir à croiser, comme il m’est arrivé à New York, une troupe de Skins tatoués de croix gammées de la tête au pied en plein Lexington Avenue alors que j’allais shopper j’ai Victoria’s Secret ! Actuellement, ces groupe existent toujours mais leurs actions sont pas mal entravées par la justice et beaucoup finissent prison.
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